Qui aurait cru il y a quelques semaines que Beepi, la startup californienne qui a bousculé le business VO aux USA depuis 2014 et levé des fonds importants, pourrait connaître de profondes difficultés financières et devoir réduire (très sensiblement) ses activités ?
Beepi, a été co-fondée par Ale Resnik et Owen Savir en avril 2014, et avait à l’origine une offre limitée à la région de la baie de San Francisco.
Des levées de fonds successives.
Les levées de fonds se sont succédé au rythme des succès et de l’intérêt suscité par cette jeune pépite de la Silicon Valley.
5 millions de dollars en avril 2014, 60 millions de dollars en octobre 2014 et un élargissement de son offre aux villes de Los Angeles et de San Diego (Californie du Sud).
En décembre 2014, 12,7 millions de dollars de plus.
En avril 2015, Beepi s’implante à Phoenix - Arizona (ville du siège de Carvana, autre Start Up à fort potentiel).
Fin 2015, ce sont 150 millions de $ de plus que Beepi engrange dans ses appels de capitaux (contre 300 millions attendus).
Au total la bagatelle de plus de 200 millions de cash !
Les américains friands de solutions d’achat en ligne.
Considérant la proportion toujours grandissante d’acheteurs en ligne aux USA, Beepi a tenté le pari de la vente de voitures d’occasion totalement dématérialisée (ou presque).
Et pour y arriver, son credo est le C2C, l’achat / vente de VO de particulier à particulier.
En gommant les « imperfections » des transactions B2C et n’hésitant pas à caricaturer les étapes du parcours client.
Selon Beepi, les professionnels ne rajoutent pas de valeur dans l’équation de commercialisation des VO mais des charges additionnelles.
La promesse de Beepi est donc de faciliter, simplifier, réduire le coût et les difficultés de ces transactions. Comment ?
- En garantissant un prix de reprise du VO (supérieure à l’offre de reprise d’un professionnel),
- En faisant vérifier 240 points de contrôle par un expert Beepi, au domicile (ou travail) du vendeur,
- En s’engageant à reprendre le véhicule aux conditions définies (moins des frais) s’il n’est pas vendu dans les 30 jours,
- En refusant les négociations frustrantes, prix non négociable par l’acheteur,
- En s’occupant de tous les documents administratifs sans surcoût pour le client ainsi que du transport (de l’acheteur vers le vendeur),
- En ne permettant pas les essais des véhicules avant la vente puisque ils offrent une garantie de satisfaction ou remboursement sous 10 jours après l’achat !
Bref un monde de rêve ou presque.
Ce qui semble avoir manqué à Beepi ce ne sont pas les acheteurs mais les vendeurs !
Comme pour d’autres sites du même genre, si vous n’avez pas assez d’approvisionnement de bon matériel (marques, modèles, prix), inutile de faire des projections élevées.
De la même façon que pour un concessionnaire ou un marchand VO traditionnel, le « sourcing » est la clé de voûte du succès. Pas d’achat, pas de vente, pas de business, pas de marge.
Cela fonctionne comme cela depuis des décennies et Internet n’a pas changé les paramètres de l’équation. Vous pouvez mettre des noeuds roses ou bleus sur des capots de voiture, il faut que l’offre soit en phase avec la demande !
A l’inverse de Carvana (ou d’autres) qui semble avoir construit son modèle sur un approvisionnement en volume régulier (achats aux enchères par exemple), Beepi est dépendant des vendeurs particuliers.
Et sans eux pas de vente. Avec à peine plus de 200 VO sur le site ces derniers jours, l’offre est trop faible pour couvrir les attentes des clients de toute la Californie et de l’Arizona.
Alors manque de stock disponible, manque de cash, marges trop faibles, problèmes de management ou de gestion ?
Nous ne sommes pas en mesure de vous le dire.
Par contre le constat est là :
Beepi Inc. a vendu la plupart de ses activités la semaine dernière.
La startup a déclaré qu’elle envisageait de fusionner avec fair.com, une plate-forme de vente de véhicules en ligne bientôt lancée par l’ancien PDG de TrueCar (Scott Painter) et d’autres vétérans de l’industrie automobile. À la suite de l’accord, Beepi aurait réduit le nombre de ses salariés de 180 personnes. Les 80 employés restants et le fondateur Ale Resnik rejoindraient fair.com.
Le monde automobile semble réaliser que ce qui fera le succès des solutions digitales de ventes de véhicules ou de services associés ce sont les associations entre professionnels de la distribution automobile et les développeurs et techniciens du web.
Dans un courriel adressé à ses employés après l’annonce de fusion de Beepi, le PDG de Shift, concurrent de Beepi et de Carvana disait que la fonctionnalité de l’essai préalable à la vente, que son entreprise propose, permet de rassurer les acheteurs. Un juste retour aux sources ?
Tout ceci démontre-t-il que nous revenons aux fondamentaux du business VO ?
Sans doute pas totalement, mais l’échec de Beepi semble malgré tout indiquer que le basculement du « Full Off line » au 100% « On line » ne peut se faire sur une période trop courte.
A suivre …
Frederic Leurent
Le 20 décembre 2016 à 14 h 38 minLe modèle semblait prometteur et Beepi a surtout concentré ses efforts pour tenter de rassurer les acheteurs de VO, ce que des professionnels n’ont pas besoin de faire…. la crédibilité étant apporté par le réseau, les labels…. et effectivement votre constat semble clair, pas assez de sourcing diversifié de bons VO à vendre.