Le Minitel tire sa révérence samedi !


Après 30 ans de bons et loyaux services, le Minitel tire enfin sa révérence… il est temps !

Le Minitel est lancé en 1982 par France Telecom. Il s’agit d’une innovation Française qui a connu ses heures de gloire, malheureusement restées hexagonales.

France Telecom l’a annoncé, le service s’arrêtera officiellement le 30 juin, l’occasion pour nous de revenir sur cet outil et inspiré par un inconnu. En effet, hier, une personne a sonné à la porte de nos bureaux espérant voir la société qui se tenait là avant nous. Après l’avoir informé que celle-ci avait déménagé il y a déjà quelques mois, celui-ci m’a très sérieusement répondu qu’il allait donc « chercher leur nouvelle adresse sur Minitel » ! Oui oui, grande découverte pour moi, il existe encore des personnes pour s’en servir… J’ai donc mené ma petite enquête depuis.

Faisant partie de la génération des Digital Natives, je n’ai que très peu connu le Minitel à la maison. Il a donc fallu que je me documente un peu sur le sujet.

Le Minitel est donc entré dans les foyers français bien avant les ordinateurs. C’est en quelque sorte l’ancêtre de l’internet puisque c’était l’une des premières rencontres entre l’informatique et les télécommunications. Le service était très simple et permettait à n’importe qui de pouvoir s’en servir.

Pour se connecter, il suffisait de taper un numéro, le 3615 en général qui permettait la rémunération des entreprises qui avaient leurs espaces, et le nom du service derrière comme 3615 METEO ou 3615 ULLA (un service érotique qui a rencontré à l’époque un véritable succès !). Et oui, le sexe a été la principale source de revenu pour ce support…

Le Minitel a connu son apogée dans les années 1990 mais pourquoi un tel engouement ?

L’une des évolutions majeures a été pour l’annuaire. Puisque grâce au minitel plus besoin des annuaires papier Pages Jaunes et Pages Blanches qui encombraient les domiciles ! L’avantage résidait aussi dans le fait que vous accédiez à l’annuaire de l’ensemble de la France grâce à un simple numéro plutôt que la version papier qui se cantonnait aux départements.

Plus de 9 millions de foyers en France ont eu le Minitel. Comme il s’appuyait sur le réseau téléphonique, il n’a généré que de très faibles investissements au niveau des infrastructures permettant aux régions mêmes les plus reculées d’y accéder. Chaque boitier coûtait environ 1 000 francs (on pouvait le louer également à FT). Ensuite, la facturation était comprise sur l’abonnement téléphonique. Ainsi, avant la fin du mois, personne n’avait réellement idée du montant de la facture ! FT gardait 40% du montant versé par l’utilisateur et le service récupérait les 60% restant. Un véritable succès commercial qui a généré des millions d’euros ! 

Mais alors pourquoi cette innovation ne s’est-elle pas étendue à l’étranger ?

En effet, le minitel est resté une exception française même s’ils y a eu quelques tentatives. C’est au Japon notamment que la question avait été étudiée. Malheureusement la faible résolution de l’appareil ne permettait pas d’afficher correctement les caractères japonais…

Mais le minitel a aussi été un frein au déploiement d’internet en France… Eric Schmidt, PDG de Google, déclarait d’ailleurs il y a 2 ans : « Les Français étaient en retard, ils ne pensaient qu’à leur Minitel. Maintenant, ils sont très sophistiqués dans leur utilisation des nouvelles technologies. La France est l’un des plus importants centres de culture, d’affaires et de technologie au monde. » Cette phrase résume plutôt bien la situation. Le cap internet a été franchi avec un certain retard (début des années 2000) par rapport aux autres pays. Ce qu’insinue le patron de Google, c’est toutefois que le minitel a insufflé l’envie derrière de venir sur internet pour découvrir encore plus de services et ce à travers le monde pas uniquement en France comme avec le minitel.

Mais aujourd’hui qui l’utilise encore ?

Comme je l’ai découvert hier, certaines personnes continuent de s’en servir. Forcément nous ne pouvions pas en rester là j’ai donc cherché connaitre les statistiques d’utilisation du réseau. Rien ne sert de dire que ça ne court pas rues… voici donc ce que j’ai réussi à glaner :

  • Seuls 1400 services sont encore actifs actuellement, contre 25000 en 1996-1997.
  • En 2007, 100 millions d’euros étaient encore générés et 30 millions en 2010.
  • En 2010, il ne restait plus que 810 mille terminaux classiques en circulation. Mais le service était également utilisé via ordinateur générant pas moins de 950 visiteurs.

Alors surpris par ces chiffres ?

A propos de l'auteur : Eric Saint-Frison:
Eric est l'associé principal de l'Agence Digital Dealer. Une expérience de 25 ans dans l'Industrie Automobile, ancien Président de Ford France, il se passionne maintenant pour Internet... sans oublier l'Automobile !
Site web:http://www.digitaldealer.fr

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