La pieuvre des GAFA continue de s’étendre dans l’automobile

Par Alexandre Mahé | Le mardi 28 novembre 2017

Telle la pieuvre des ombres de la série du moment – Stranger Things – pour ne pas la citer – les GAFA continuent d’avancer leurs pions discrètement pour se rendre encore plus indispensables. Tour d’horizon de leurs récentes innovations dans le monde de l’auto!

1) Facebook en assaut frontal du bon coin

L’intention n’est pas nouvelle : Facebook essaie depuis longtemps de s’imposer dans les petites annonces. Nous vous en parlions dès début 2015 mais il semblerait que l’empire de Mark Zuckerberg soit passé à la vitesse supérieure. Son marketplace a en effet été lancé cet été en France mais nous avions été un peu déçus : fourre-tout il semblait clairement en version beta et pas en mesure de menacer le maître Le Bon Coin. Pourtant les choses pourraient changer très rapidement : aux US le marketplace vient en effet de recevoir un lifting de tout premier ordre.

Il est désormais possible d’affiner considérablement sa recherche comme n’importe quel site majeur de petites annonces : par segment, année, énergie, kilomètrage, lieu … Naviguer est dès lors beaucoup plus agréable et organisé : la plateforme se donne enfin les moyens de décoller. Elle intègre même aux US la cote KBB qui n’est autre que l’équivalent de l’Argus outre-atlantique. Les acheteurs pourront donc voir l’écart avec la cote de référence en temps réel et juger la pertinence de chaque offre.

Facebook drague aussi les concessionnaires

Enfin, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la plateforme n’est pas uniquement C2C (destinée aux particuliers) ! Facebook recherche en effet activement des concessionnaires qui pourront créer leurs espaces perso avec des conditions alléchantes : annonces gratuites et illimitées, mise à disposition du Chat Messenger pour réponses en temps réel… Le potentiel disruptif dans le monde de la PA automobile en France semble énorme.

Face à cette offensive majeure, le leader du bon coin semble clairement en position défensive. Il vient en effet tout juste lancer un service de messagerie intégrée. « Was about time! » serait-on tentés de répondre. Si l’actuel leader des petites annonces en France ne passe pas à l’offensive, il risque de se faire disrupter très rapidement, comme ce dernier l’avait fait avec Ebay à une époque pas si lointaine.

Au-delà de ces avancées spécifiques à l’auto, on peut facilement imaginer l’énorme potentiel de cette marketplace :

2) Amazon : Les lancements de VN maintenant, les assurances ensuite

En ce qui concerne le roi du e-commerce de A à Z, nous vous avions laissé aux premières offres VN en ligne disponibles sur Amazon il y a de ça un an. Alors que la Seat Mii proposée en France pouvait faire office de destockage facile pour le constructeur (+ de la comm’ facile) nous observons désormais l’inverse. Amazon vient en effet de proposer le tout nouveau Opel Grandland X sur son site espagnol. Le SUV cousin du Peugeot 3008 vient a peine d’arriver en concession, c’est donc une petite surprise de le voir également débarquer sur Amazon. Avec une quantité limitée à 20 petits exemplaires, il s’agît assurément uniquement d’une opération de communication, qui diffère des précédentes : la visibilité avant le destockage.

Le parcours utilisateur suit néanmoins les dernières offres VN Amazon. Un échange téléphonique reste obligatoire avec le concessionnaire pour finaliser la commande. La voiture est déjà produite ce qui permettra au client de se la faire livrer à domicile en seulement 72 heures. La page dédiée sur Amazon est néanmoins entièrement aux couleurs d’Opel, démontrant la personnalisation poussée du site américain.

Enfin, selon les dernières rumeurs, Amazon aurait lancé un recrutement ambitieux d’une équipe experte de l’assurance habitation et automobile. Le lancement des offres serait prévu pour l’année prochaine. L’image de marque d’Amazon serait un réel atout face aux assureurs « classiques » dont on dit souvent les clients méfiants. Un énième nouveau marché en vue pour le rouleau compresseur de Seattle ?

 

3) Google et Apple en embuscade

Nous vous avions relaté il y a un peu plus d’un an la mise à jour dédiée à l’auto des recherches Google. Ces dispositifs sont toujours en place : une fiche générée par Google concernant marque ou modèles.

Néanmoins les liens vers les sites marchands comme AramisAuto ou les essais presse comme ceux de l’Argus ont disparu. Problème temporaire de gestion de partenariat ? Mystère, surtout que cet emplacement idéal et brandé « Google officiel » a tout pour devenir une réelle usine à leads aux possibilités infinies ! On peut aisément imaginer une intégration des financements, des PA VO… etc

La voiture connectée : la bataille de la valeur

Aujourd’hui, Google et Apple ont un cheval principal de bataille : les voitures connectées et autonomes. Sur le premier point, les deux géants semblent avoir déjà gagné la bataille de la data : la grande majorité des systèmes embarqués des VN aujourd’hui intègrent soit Apple Carplay soit Android Auto. La demande vient en effet du côté des clients finaux et les constructeurs sont de plus en plus sous pression pour proposer ces services. Aujourd’hui le dernier des Mohicans semble Toyota, qui résiste encore et toujours à l’envahisseur avec son Smart Device Link. Jusqu’à quand ?

La question est en effet cruciale. Avec la valeur qui se déplace de plus en plus du hardware vers le software, l’enjeu des données connectées devient central. Si les GAFA s’approprient le cerveau des voitures ainsi que toutes leurs statistiques à l’échelle mondiale, les constructeurs seront relégués sur le banc de touche. Un peu comme Sony ou HTC fabriquant des smartphones intégrant Android.

Nous vous rappelons à ce propos les résultats de notre étude sur les voitures connectées vues par les consommateurs

La voiture autonome : à l’avant-garde d’une révolution imminente

Nous avons évoqué ce sujet à de très nombreuses reprises sur Auto-Net. Mais sans vouloir insister: demain c’est déjà aujourd’hui. Les premiers taxis ou bus autonomes (de Navvya par exemple) sont prévus pour être commercialisés dès l’année prochaine ! Et à l’avant-garde de cette révolution imminente se trouvent Google, Apple mais aussi Tesla et Uber (après les GAFA viennent désormais les NATU : Netflix Airbnb Tesla Uber). Ces derniers ont accumulé des centaines de milliers de kilomètres et assurent que leur technologie est quasiment prête. Concernant Google, ce dernier a complètement changé de stratégie en cours de route : il ne produira finalement pas lui même ses voitures (les feu Google Car) mais uniquement l’intelligence autonome qu’il placera ensuite dans des voitures existantes. La nouvelle filiale dédiée s’appelle désormais Waymo, un nom à retenir pour l’avenir. Concernant Apple, la marque reste toujours très floue concernant sa stratégie mais nous savons que ses tests de prototypes autonomes continuent.

Les contraintes légales se délient un peu plus chaque jour et chaque jour confirme un peu plus 2020 comme début annoncé du bigbang. Les constructeurs essaient de rattraper leur retard mais la bataille à venir sera assurément disputée mais passionnante !

Vous pouvez retrouver à ce sujet notre récapitulatif de septembre dernier ou également les résultats de notre étude consommateurs.


Alexandre Mahé

Alexandre est consultant en stratégie automobile au sein de l’agence Argus Conseil. Après un parcours réussi chez un grand constructeur automobile et un institut d’études international, Il apporte sa double expérience automobile et innovation pour détecter et analyser les grands mouvements du secteur.


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